Manuel de l’Optimiste Intransigeant
« Dans notre l’existence, deux troupes s’affrontent sans relâche : les chasseurs d’aurores et les prophètes de l’apocalypse. Les premiers traquent la lueur dans les ténèbres, les seconds prédisent l’obscurité en plein jour. Chacun brandit sa vérité comme un étendard, ignorant que la réalité est une médaille à double face.
Prenons ce verre, posé là, sur la table en bois brut. L’optimiste y voit une promesse de rafraîchissement, le pessimiste, la menace d’une soif à venir. Qui a raison ? Les deux, bien sûr. Mais la vraie question n’est pas là. Ce qui compte, c’est ce que ce verre éveille en nous, ce qu’il fait naître dans les tréfonds de notre être.
La vie n’est qu’une succession de sensations. Nous sommes les marionnettistes de notre propre conscience, tirant les ficelles de notre perception. Il ne s’agit pas de se voiler la face, de nier l’évidence ou de peindre le monde en rose quand il vire au gris. Non, l’art subtil consiste à orienter notre regard, à choisir l’angle sous lequel nous contemplons le spectacle de l’existence.
L’optimisme n’est pas un don du ciel, une grâce accordée aux élus. C’est un muscle que l’on peut développer, un art que l’on peut cultiver. Comme le bûcheron qui, chaque jour, fend un peu plus de bois, nous pouvons affûter notre capacité à voir le meilleur dans chaque situation.
Imaginez un instant que vous êtes un alchimiste. Votre mission n’est pas de transformer le plomb en or, mais de transmuter la banalité en émerveillement, la routine en aventure, l’ordinaire en extraordinaire. C’est cela, l’essence de l’optimisme.
Il y a ceux qui attendent que le bonheur vienne frapper à leur porte, comme un colporteur égaré. Et il y a ceux qui partent à sa rencontre, sac au dos et sourire aux lèvres. Les premiers passeront leur vie à scruter l’horizon, les seconds trouveront des pépites d’or dans chaque grain de sable.
Cessons d’être les spectateurs passifs de notre existence. Devenons les metteurs en scène de notre propre bonheur. Chaque matin, en ouvrant les yeux, demandons-nous : « Quelle merveille vais-je découvrir aujourd’hui ? » Et si rien ne se présente, créons-la nous-mêmes.
Car l’optimisme, voyez-vous, c’est l’art de faire fleurir des roses dans le désert de nos jours. C’est transformer chaque épreuve en opportunité, chaque chute en rebond. C’est embrasser la morsure du froid plutôt que de geindre sur l’absence de chaleur. C’est savourer l’âpreté du vin plutôt que de regretter l’absence de nectar.
Alors, soyons les artisans de votre propre légende ! Façonnons votre existence comme un sculpteur taille la pierre brute. Et rappelez-vous : le bonheur n’est pas un trésor enfoui qu’on déterre, c’est une œuvre qu’on forge jour après jour, coup de burin après coup de burin, dans la matière même de nos vies. »
Pourquoi j’ai écrit ce texte?
J’ai écrit ces lignes un soir d’hiver, alors que le vent hurlait sa complainte contre les volets de ma cabane. L’encre gelait presque au bout de ma plume, mais mon esprit, lui, bouillonnait.
Pourquoi ai-je couché ces mots sur le papier ? Par nécessité, sans doute. Par rage, aussi. Rage contre cette époque qui nous pousse à voir le pire partout, à nous vautrer dans le pessimisme comme des porcs dans la boue. J’en ai assez de ces prophètes de malheur qui prédisent l’apocalypse à chaque lever de soleil.
Je voulais rappeler que nous avons le choix. Que nous ne sommes pas condamnés à subir le monde, mais que nous pouvons le façonner par notre regard. C’est un acte de résistance, en quelque sorte. Résister à la facilité du cynisme, à la paresse du désespoir.
L’optimisme dont je parle n’est pas cette caricature niaise qu’on nous sert dans les livres de développement personnel. Non, c’est un optimisme forgé dans l’adversité, trempé dans les larmes et la sueur. Un optimisme qui regarde la réalité en face et choisit malgré tout de voir la beauté.
J’ai écrit ce texte pour moi-même, d’abord. Pour me rappeler que chaque matin, je peux choisir d’être l’artisan de ma propre joie. Mais je l’ai écrit aussi pour tous ceux qui, comme moi, refusent de baisser les bras face à la grisaille du quotidien.
C’est un appel à l’insoumission, en somme. Une invitation à se rebeller contre la morosité ambiante, à faire de sa vie une œuvre d’art plutôt qu’une longue complainte. Car au fond, qu’avons-nous de mieux à faire sur cette terre que d’apprendre à danser, même quand la musique est discordante ?
Ces mots sont comme une bouteille à la mer. Avec l’espoir fou qu’ils trouveront un écho chez ceux qui les liront. Qu’ils seront une étincelle dans la nuit, un rappel que nous avons le pouvoir de choisir notre façon de voir le monde.
Et si ces lignes ne touchent qu’une seule âme, si elles ne font naître qu’un seul sourire dans l’obscurité, alors elles auront accompli leur mission. C’est ainsi, mot après mot, sourire après sourire, que nous tissons la toile de notre humanité.
Vous souhaitez débattre avec moi?