» L’exaltation est cette ivresse qui nous fait danser sur la crête vertigineuse entre raison et folie. C’est le battement d’ailes frénétique du cœur qui tente de s’arracher à la pesanteur du quotidien, l’instant fugace où l’homme se croit capable de saisir les étoiles à mains nues. Elle est ce torrent impétueux qui déferle dans nos veines, emportant sur son passage les digues de la bienséance et les barrages de la routine, nous laissant nus face à l’immensité de notre propre existence. «
Elle m’a saisi à la gorge, cette exaltation, au moment où je m’y attendais le moins. Comme une rafale de vent arctique balayant la plaine de ma routine, elle a fait voler en éclats le vernis de ma placidité.
L’exaltation. Quel mot étrange pour décrire ce soulèvement intérieur, cette insurrection de l’âme contre la tyrannie du banal. Les prudents la fuient, les sages la redoutent, mais les vivants… Ah, les vivants la cherchent comme on cherche une source dans le désert.
Sur les sentiers escarpés de mes pérégrinations, j’ai croisé des hommes-statues, figés dans leur refus de l’intensité. Ils se tenaient droits, fiers de leur immuabilité, ignorant qu’ils n’étaient que des bornes kilométriques sur la route de la vie. L’exaltation, elle, est ce séisme qui fait danser ces statues, qui donne vie à la pierre, qui transforme le marbre en chair frémissante.
Qu’on ne s’y trompe pas : l’exaltation n’est pas cette folie passagère que les esprits étriqués imaginent. Elle est plutôt cette lucidité fulgurante, cet instant de clarté absolue où le voile du quotidien se déchire pour révéler la trame scintillante de l’existence.
J’ai connu des sommets où l’air raréfié faisait tourner les têtes. Mais l’ivresse des hauteurs n’est qu’un pâle reflet de cette autre altitude, celle que l’exaltation nous fait atteindre. C’est là, sur ces pics vertigineux de l’être, que l’on comprend enfin la géographie de notre âme, avec ses vallées profondes et ses cimes inexplorées.
Les yeux caves de ceux qui n’ont jamais connu l’exaltation sont des puits sans fond où ne se reflète aucune étoile. Ils traversent l’existence comme on traverse un musée les yeux bandés, inconscients des merveilles qui les entourent. L’exaltation, elle, est ce peintre fou qui jette des couleurs criardes sur la toile grise de nos jours, transformant le banal en chef-d’œuvre, le quotidien en épopée.
Certains la confondent avec la simple excitation, cette piètre cousine qui s’essouffle au moindre obstacle. L’exaltation, elle, est un brasier qui se nourrit des vents contraires, qui grandit face à l’adversité. Elle est cette alchimie mystérieuse qui transmute le plomb de nos contraintes en or pur de liberté.
Il y a ces hommes qui construisent des digues pour se protéger de ce flot impétueux. Pauvres fous ! Ils ne comprenaient pas que l’exaltation n’est pas cette crue dévastatrice qu’ils redoutent, mais bien la source même de la vie. Elle est ce torrent qui sculpte les plus beaux canyons de notre être, qui polit les galets de nos aspérités pour révéler leur éclat caché.
S’abandonner à l’exaltation, c’est être cet alpiniste qui lâche prise pour mieux s’élancer vers le sommet. C’est comprendre que la véritable ascension ne se fait pas tant avec les mains qu’avec le cœur, que chaque battement effréné nous rapproche un peu plus des étoiles.
Dans la partition souvent monotone de l’existence, l’exaltation est cette cadence infernale qui fait vibrer chaque note jusqu’à la rupture. Elle est la syncope qui brise le rythme pour mieux le réinventer, le cri qui déchire le silence pour lui donner tout son sens.
Ceux qui craignent l’exaltation sont comme ces marins qui n’oseraient jamais quitter le port. Ils ignorent que c’est dans la tempête que le navire révèle sa vraie nature, que c’est face aux vagues démesurées que l’homme découvre sa véritable stature.
L’exaltation est ce coup de fouet qui nous rappelle que nous ne sommes pas nés pour ramper, mais pour voler. Elle est cette secousse tellurique qui fait s’effondrer les murs de notre prison intérieure, nous laissant nus et libres face à l’infini des possibles.
Cultivons donc l’exaltation comme on cultiverait une plante rare et précieuse. Arrosons-la de nos rêves les plus fous, nourrissons-la de nos désirs inavoués. Car c’est dans le terreau fertile de nos élans les plus ardents que s’épanouira la fleur de notre véritable nature.
L’exaltation, en définitive, n’est pas cette folie que l’on croit, mais bien la plus haute forme de sagesse. Elle est cette conscience aiguë que chaque instant est un miracle, que chaque souffle est une révolution, que chaque battement de cœur est une déclaration d’amour à l’existence.
Soyons donc ces acteurs exaltés qui transforment le moindre monologue en tirade enflammée, le plus petit geste en chorégraphie. Car c’est dans ces moments d’intensité pure que nous touchons du doigt l’essence même de ce que signifie être vivant, vraiment vivant, au cœur du tourbillon vertigineux de l’existence.
Vous souhaitez lire toutes mes citations ? Cliquez ici
Vous souhaitez débattre avec moi?