Le temps

citation sur le temps

« Le temps est ce fleuve invisible qui érode les montagnes de nos certitudes et creuse les vallées de nos souvenirs. C’est le sablier invisible qui s’écoule entre nos doigts, chaque grain une seconde, chaque poignée une vie. Il est ce voleur silencieux qui dérobe notre jeunesse à notre insu, mais qui, dans sa clémence, nous offre en échange le trésor de l’expérience. Le temps est ce funambule éternel qui danse sur le fil tendu entre passé et futur, ne s’arrêtant jamais dans le présent, nous narguant de son insaisissable permanence. Il est à la fois notre plus cruel geôlier et notre plus fidèle compagnon, témoin impassible de nos folies et de nos sagesses, sculptant inexorablement le marbre brut de notre existence.« 

Le temps. Ce mot résonne comme un glas dans le silence de nos vies affairées. Implacable, il avance, invisible marée qui façonne les rivages de notre existence.

Perché sur un rocher millénaire, j’ai souvent contemplé ce grand œuvre du temps. Les falaises, autrefois fières et acérées, s’érodent lentement, leurs débris formant les plages où nous construisons nos éphémères châteaux de sable. Métaphore parfaite de nos vies : ce que nous croyons immuable n’est que matière malléable entre les mains patientes des heures.

Le temps ne se contente pas de passer, il transforme. Nous voyons des forêts naître sur les cendres d’incendies oubliés, des glaciers reculer comme des armées en déroute, des rivières changer de cours comme on change d’avis. Et nous, pauvres horlogers de nos destins, nous nous illusionnons en pensant maîtriser ce flux indomptable.

Combien de fois ai-je observé mes compagnons de route s’agiter frénétiquement, tentant de « gagner du temps » comme on gagnerait une guerre ? Quelle ironie ! On ne gagne pas plus le temps qu’on ne capture le vent. Il file entre nos doigts, indifférent à nos agendas surchargés et à nos réveils tyranniques.

Dans nos cités de béton et d’acier, nous avons bâti des temples à l’instant : horloges monumentales, cadrans omniprésents, comme pour conjurer notre peur de l’éphémère. Mais dans les vastes étendues sauvages, le temps reprend ses droits. Il s’étire, se contracte, joue avec notre perception. Une journée de marche devient une vie entière, un coucher de soleil une éternité.

Le temps est ce grand sculpteur qui taille sans relâche le marbre de nos vies. Sous son ciseau, les visages se creusent de rides, les corps se voûtent, les esprits s’affinent ou s’émoussent. Avez-vous déjà croisé ces vieillards aux yeux d’enfants et ces jeunes gens à l’âme centenaire? Le temps, dans sa sagesse ironique, ne distribue pas ses faveurs selon notre calendrier.

Certains voudraient arrêter le temps, le figer dans un éternel présent. Autant vouloir figer la course d’un fleuve. La beauté du temps réside justement dans son flux incessant, dans cette danse perpétuelle entre ce qui fut, ce qui est et ce qui sera. Chaque instant est une porte qui s’ouvre sur l’inconnu, une promesse de renouveau.

Nous connaissons tous ces personnes qui consument leur vie à poursuivre un passé révolu ou un futur hypothétique, oubliant de vivre l’instant présent. Ils sont comme ces papillons de nuit qui se brûlent les ailes à la flamme de leurs regrets ou de leurs espoirs. Le temps, lui, avance, indifférent à nos tourments, emportant dans son cours nos joies et nos peines.

Le temps est ce grand égalisateur. Il érode les empires comme il effrite les montagnes. J’ai marché sur les ruines de civilisations oubliées, où les palais des rois ne sont plus que repaires pour les lézards. Memento mori, murmure le vent dans les ruines. Souviens-toi que tu es mortel, que ton temps est compté.

Pourtant, quelle merveille que cette finitude ! C’est la conscience de notre brièveté qui donne sa saveur à chaque instant. Sans la mort qui nous guette, la vie ne serait qu’une longue suite de jours sans relief. Le temps, en nous rappelant notre fragilité, nous offre le plus précieux des cadeaux : l’urgence de vivre.

Les strates géologiques racontent des histoires millénaires, les cernes des arbres sont des chroniques silencieuses, les sentiers effacés parlent de pas oubliés. Le temps est ce grand archiviste qui conserve tout, même ce que nous croyons perdu.

Être sensible au temps, c’est développer une acuité particulière au monde qui nous entoure. C’est percevoir la lente valse des saisons, le ballet subtil des ombres au fil de la journée, la respiration profonde de la terre qui tourne. C’est comprendre que nous ne sommes que des passagers sur ce grand navire cosmique, embarqués pour un voyage dont nous ignorons la destination.

Le temps est comme un funambule mais nous sommes tous sur ce fil avec lui, oscillant entre le vertige du passé et l’appel du futur. Notre art de vivre réside peut-être dans notre capacité à trouver l’équilibre, à danser avec le temps plutôt que de lutter contre lui.

Le temps ne sera pas cet ennemi que nous croyons combattre. Alors, marchons dans le monde avec la conscience aiguë de notre temporalité. Savourons chaque seconde comme une goutte d’éternité. Car le temps, ce grand magicien, a encore bien des tours dans son sac.

Et qui sait ? Peut-être qu’au détour d’un instant particulièrement intense, nous aurons la sensation fugace de l’avoir enfin apprivoisé, ce temps qui nous échappe, ce temps qui nous façonne, ce temps qui, en fin de compte, est notre plus fidèle allié dans la grande aventure de l’existence.

Vous souhaitez lire toutes mes citations ? Cliquez ici

Vous souhaitez vous abonner à ma Newsletter? Cliquez-ici

Vous souhaitez débattre avec moi?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *