Épilogue d’une odyssée roulante

Épilogue d’une odyssée roulante

15 000 kilomètres d’errance et de renaissance

Douze lunes se sont écoulées depuis que j’ai troqué les murs immuables contre l’horizon mouvant. Mon foyer, réduit à l’essentiel, tenait sur quatre roues, filant sur les routes de France comme une comète égarée dans la Voie lactée de l’asphalte.

La quête était simple : me perdre pour mieux me retrouver. Quinze mille kilomètres plus tard, je comprends que le véritable voyage n’était pas celui des paysages, mais celui de l’âme. J’ai goûté à la frugalité comme on déguste un grand cru, savourant chaque gorgée de liberté, chaque bouchée de solitude.

L’hiver, ce tyran capricieux, a fini par rattraper ma fuite perpétuelle. Mes journées, autrefois rythmées par le chant des oiseaux et le murmure du vent, sont devenues une danse frénétique avec les applications météo. Je traquais les éclaircies comme un chercheur d’or, fuyant les nuages menaçants tels des créanciers impitoyables.

Mais voilà que l’encre de mes projets d’écriture commence à couler, traçant les contours d’un nouveau chapitre. Il est temps de jeter l’ancre, ne serait-ce que pour mieux repartir. Nancy m’appelle, ville aux charmes insoupçonnés, comme si le destin avait posé son doigt sur la carte de ma vie.

Ce nomadisme m’a enseigné que l’on peut être riche de peu, que le luxe suprême réside dans la liberté de mouvement. J’ai appris à lire le ciel comme un livre ouvert, à déchiffrer les humeurs de la route, à dialoguer avec le silence des nuits étoilées.

La sédentarité que j’aborde aujourd’hui n’est plus un carcan, mais un choix éclairé. Mon âme, façonnée par les kilomètres et les rencontres, porte en elle l’empreinte indélébile de la route. Le voyage ne s’arrête pas ; il se transforme. Les grandes traversées cèdent la place à des escapades plus brèves, comme des parenthèses dans le récit de ma nouvelle vie citadine.

Je quitte mon van, non pas comme on abandonne un navire, mais comme on range précieusement un instrument qui a joué la plus belle des symphonies. Il attend, patient, prêt à reprendre la route pour de nouvelles aventures.

Cette pause n’est pas une fin, mais une respiration. Un temps pour digérer les milliers d’images, les centaines de rencontres, les dizaines de levers de soleil qui ont jalonné mon périple. C’est l’heure de transmuter ces expériences en mots, de cristalliser ces instants fugaces dans l’ambre de l’écriture.

Ainsi s’achève ce chapitre de ma vie, écrit sur l’asphalte et les chemins de traverse. La France, dans toute sa diversité, a été mon hôte, mon professeur, mon miroir. Je pose mes valises à Nancy, riche non pas d’objets, mais d’une nouvelle perspective sur l’existence.

Le voyage continue, car il est devenu ma manière d’être au monde. Seule la forme change, pas l’essence. Et qui sait quels chemins insoupçonnés la vie me réserve encore ? L’aventure, j’en suis convaincu, ne fait que commencer.

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