Nomades de l’âme

Nomades de l’âme

Épopée sur l’asphalte des possibles

📍Batz-Sur-Mer ❣️- Loire Atlantique

L’aube déchire la nuit comme un vieux rideau. Je sors du van, notre carapace mobile, laissant ma famille au royaume des songes. L’air marin gifle mes joues mal rasées. Devant moi, l’immensité sableuse, parsemée de coquillages brisés, vestiges d’existences passées. Au loin, une bâtisse, floue comme un souvenir d’enfance.

Je m’avance. Le sable crisse sous mes pieds, protestation silencieuse contre l’intrusion humaine. Chaque pas est une lutte, une négociation avec cette terre instable. N’est-ce pas là le parfait miroir de notre quête d’identité ? Nous avançons, titubants, sur le sol mouvant de notre existence, cherchant désespérément un équilibre que nous savons éphémère.
La maison au loin joue à cache-cache avec la brume matinale. Elle incarne tout ce que nous avons fui : la stabilité, l’enracinement, la certitude. Mais n’est-ce pas là une illusion de plus ? Les pierres s’effritent, le bois pourrit. Même les demeures les plus solides finissent par céder face à l’assaut implacable du temps.

Notre van, lui, est notre Diogène motorisé. Il nous rappelle que l’essentiel tient dans quelques mètres cubes, que le superflu n’est qu’un fardeau qui nous empêche d’avancer. Nous avons troqué le confort contre la liberté, les certitudes contre les possibles. Un marché que la société juge insensé, mais qui nous semble être la seule voie vers une authenticité trop longtemps étouffée.
Le vent siffle à mes oreilles des mélodies oubliées. Il charrie des odeurs d’iode et d’aventure. Je ferme les yeux, laissant mes autres sens prendre le relais. N’est-ce pas ainsi que l’on se découvre vraiment ? En se coupant du visible, de l’évident, pour plonger dans les profondeurs de notre être.
J’entends des pas derrière moi. Ma famille me rejoint, leurs yeux encore embués de sommeil. Mes enfants courent vers la mer, innocents conquérants d’un royaume salé. Ma femme me sourit, complice silencieuse de cette folie douce qui nous a poussés sur les routes.

Nous sommes des funambules de l’existence, en équilibre précaire entre notre passé et notre avenir, entre nos racines et nos aspirations. Notre quête d’identité n’est pas un voyage avec une destination précise, c’est une errance consciente, une exploration des possibles.
La maison au loin a perdu de son mystère. Elle n’est plus qu’un amas de pierres et de bois, témoin muet de notre passage. Nous retournons à notre van, prêts à reprendre la route. Car c’est dans le mouvement que nous nous trouvons, dans cette valse incessante entre l’ici et l’ailleurs.
Nous partons, laissant derrière nous une plage vierge de nos pas, comme si nous n’avions jamais existé. N’est-ce pas là la plus belle des libertés ? Ne laisser aucune trace, si ce n’est dans nos cœurs et nos mémoires.

La route défile, ruban gris sur un paysage en perpétuel changement. Où allons-nous ? Qu’importe.
L’essentiel est d’aller, de continuer cette quête sans fin. Car c’est dans ce mouvement perpétuel, dans cette oscillation entre le connu et l’inconnu, que nous nous découvrons vraiment.
Notre van life n’est pas une fuite, c’est une charge héroïque contre les moulins de la normalité. Chaque kilomètre est une victoire sur la routine, chaque nuit passée sous les étoiles une leçon d’humilité face à l’immensité de l’univers.

Et c’est ainsi que je trouve l’inspiration pour mes écritures. Dans ces instants volés à la banalité du quotidien, dans ces rencontres fugaces avec l’autre et avec soi-même. Mon récit sera à l’image de notre voyage : sans début ni fin, une perpétuelle renaissance.

N’est-ce pas là le sens de la vie ? Non pas d’atteindre un but, mais de savourer le chemin. Non pas de devenir quelqu’un, mais d’être pleinement soi à chaque instant. Notre quête d’identité n’est pas une course, c’est une danse avec l’absurde, une valse avec l’infini.

Et tandis que notre van avale les kilomètres, je me sens empli d’une sérénité teintée d’ironie. Je ne sais pas qui je suis, ni qui je serai demain. Mais je sais que je suis en chemin. Et dans ce monde de fous, n’est-ce pas la plus sage des folies ?

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